Instapestry

Diasec – 200 x 200 cm (4 x 100 x 100 cm)

¨A quel point l’informatique a-t-elle transformé la société ? Entre l’internet des objets, l’industrialisation, la médecine la santé, l’activité de recherche scientifique ? Comment l’informatique a-t-elle induit un schéma mental nouveau dans la manière de penser, concevoir et résoudre les problèmes ?

Avons-nous pris toute la mesure de la façon dont l’informatique bouleverse notre existence entière ? A force d’entendre parler jour et nuit de révolution numérique, cette expression n’a-t-elle pas perdu son signifié alors même que depuis l’irruption de l’informatique dans nos vies il y a 50 ans, c’est notre rapport au faire, au dire, au comprendre, et jusqu’aux niveaux les plus intimes de notre vie quotidienne qui ont été modifiés en profondeur ? Et jusqu’où vont nous emporter ces nouveaux outils, que l’on
qualifie « d’intelligences artificielles » alors mêmes qu’ils ne sont, pour la plupart, que des machines certes très efficaces mais diablement bêtes ?¨
propos France Culture ¨La méthode scientifique *Nicolas Martin
( à propos de l’ouvrage ¨L’hyperpuissance de l’informatique ¨ de Gérard Berry éditions Odile Jacob)

Avec les programmes conçus par des intelligences humaines ces machines nous permettent et même nous obligent à communiquer autrement

Bonne ou mauvaise chose il semble certain que nous ne pourrons plus faire ¨machine arrière ¨
L’humanité s’adapte donc à ce nouveau fonctionnement d’information et d’échanges .
Mon projet est basé sur les nouvelles cartes postales via Instagram en mettant en avant l’intérêt à mon point de vue de ces productions -quand bien même elles sont formatés – intérêt qui réside dans les possibilités poétiques et formelles qu’elles libèrent.

Instapoetry # Instapestry #

La vie est l’EXPERIENCE la plus totale et en avoir la pleine conscience chaque jour nous place aisément dans une démarche artistique: observer, analyser, s’émouvoir, interpréter, transcrire, sublimer ,ce sont bien là les actions ou réactions d’un artiste.
Les moyens actuels pour communiquer son expérience quotidienne de la vie ,comme Instagram -qui utilise avant tout les images produites par les abonnés eux-mêmes-permettent à chacun de façonner un reflet de ce que nous sommes .Au fil des jours cela devient un autoportrait global du dedans et du dehors de soi-même et un lien qui se révèle souvent précieux ,souvent de qualité ,avec des êtres ,partout dans le monde entier, rencontrés ou non dans la réalité.
Les formes et les couleurs s’organisent comme la trame et la chaîne du tissu de notre existence. Apparaît alors une tapisserie plus ou moins travaillée dont les fils sont imprévisibles et surgissent de façon aléatoire au gré des évènements, des humeurs, des lieux et du temps qu’il fait. C’est un va et vient
incessant entre le réel et le virtuel.

C’est un poème en images qui se déroule en établissant un contact direct et immédiat ou décalé dans le temps avec des amis connus, ou des abonnés inconnus mais fidèles ou encore d’autres abonnés Instagram qui ne font que passer par là mais se sont arrêtés un instant pour croiser le regard que nous avons eu sur une chose ,un être, ou nous mêmes.
La notion du temps et de l’espace est considérablement bouleversée
Les textes ,souvent très courts , servant plutôt de légendes aux images, ou longs mais remplis de mots clés, si on souhaite attirer de nombreux visiteurs ,sont particuliers par leur rythme scandés par les # ou hashtag symbole matérialisé par un dièse comme dans une partition musicale. Au départ signe du vocabulaire informatique, cette ponctuation unique ,seule respiration entre les mots accrochés les uns aux autres, pourrait ,exprimée oralement, être comparable au Slam cette façon particulière de scander la poésie.

Il y a dans cette composition plus de 700 photos de mon fil Instagram (qui en compte à ce jour plus de 2000) postées entre Août 2014 et Juillet 2018 . Chaque image est de petit format -à peine plus grandes que leur taille sur le téléphone-mais l’ensemble est de taille conséquente -correspondant à 4 années de ¨posts .¨ Ces images au départ spontanées peuvent ensuite être source d’inspiration, d’exploration, d’expérimentations multiples. Elles peuvent être considérées comme les croquis qui précèdent le tableau.

Si la toile d’internet et la communication par le biais des réseaux sociaux comportent des dangers déjà connus pour certains encore inconnus ou flous pour d’autres , l’artiste, le ¨borderline¨ peut-être, le poète, l’idéaliste, sont de la partie pour tenter de dénouer les pièges d’enfermement et d’abêtissement en détournant et en s’appropriant les chemins tracés et programmés pour ces machines.

Marie-Aimée Tirole